Aequitas et Praedatio
L'entraide, un facteur de l'évolution — Aequitas et Praedatio

L'entraide, un facteur de l'évolution

Ouvrage majeur de Pierre Kropotkine publié en 1902, développant la théorie selon laquelle l'entraide et la coopération sont des facteurs essentiels de l'évolution, s'opposant au darwinisme social.

« L’entraide, un facteur de l’évolution » est l’ouvrage le plus célèbre de Pierre Kropotkine, publié en 1902. Cette œuvre révolutionnaire s’attaque aux interprétations dominantes du darwinisme social de l’époque.

Thèse centrale

Kropotkine développe l’idée que l’entraide et la coopération, plutôt que la compétition, sont les véritables moteurs de l’évolution. Il s’oppose ainsi aux théories de Herbert Spencer et aux interprétations sociales du darwinisme qui justifiaient l’exploitation et l’inégalité.

Méthode scientifique

L’auteur s’appuie sur de nombreuses observations zoologiques, anthropologiques et historiques pour démontrer que la solidarité est un facteur universel dans le monde vivant. Il étudie les comportements coopératifs chez les animaux, les sociétés primitives et les organisations humaines.

Impact et influence

Cette œuvre influence profondément l’anarchisme moderne et les sciences sociales. Elle offre une alternative théorique solide aux conceptions individualistes et compétitives de la société, en démontrant que la coopération est non seulement naturelle mais nécessaire au progrès.

Structure de l’ouvrage

L’ouvrage est organisé en plusieurs chapitres traitant successivement :

  • L’entraide chez les animaux
  • L’entraide chez les sauvages
  • L’entraide chez les barbares
  • L’entraide dans la cité du Moyen Âge
  • L’entraide dans notre société

Chaque section apporte des preuves empiriques de la prédominance de la coopération sur la compétition dans l’évolution des espèces et des sociétés.

Notes de lecture « L’Entraide, un facteur d’évolution » (Les éditions Ecosociété, 2001, traduit de l’anglais par L. Bréhal, préface de Mark Fortier)

Préface par Mark Fortier

p.13 : Le système de la propriété privée et du marché, qui promettait d’incarner la liberté et l’égalité formelle par l’abondance matérielle, semblait incapable de faire autre chose qu’universaliser l’expérience de la rareté, de la misère. L’industrie, avait-on dit, rendrait le plus pauvre des ouvriers anglais plus riche qu’un roit d’Afrique.

Introduction

Pierre Kropotkine décrit que durant ses voyages il a surtout vu comment la nature, les climats, mettaient la vie à rude épreuve.

p.26 : La rareté de la vie, la dépopulation - non la surpopulation - étant le trait distinctif de cette immense partie du globe que nous appelons Asie septentrionale, je conçus dès lors des doutes sérieux (et mes études postérieures n’ont fait que les confirmer) touchant la réalité de cette terrible compétition pour la nourriture et pour la vie au sein de chaque espèce, article de foi pour la plupart des darwinistes. J’en arrivai ainsi à douter du rôle dominant que l’on prête à cette sorte de compétition dans l’évolution des nouvelles espèces.

p.27 : D’un autre côté, partout où je trouvais la vie animale en abondance, […], je vis l’entraide et l’appui mutuel pratiqués dans des proportions qui me donnèrent à penser que c’était là un trait de la plus haute importance pour le maintien de la vie, pour la conservation de chaque espèce, et pour son évolution ultérieure.

p.27 : Aussi, lorsque plus tard mon attention fut attirée sur les rapports entre le darwinisme et la sociologie, je ne me trouvai d’accord avec aucun ouvrages qui furent écrits sur cet important sujet.

p.27 : Tous s’efforcaient de prouver que l’homme, […], pouvait modérer l’âpreté de la lutte pour la vie entre les hommes, mais ils reconnaissaient que la lutte pour les moyens d’existence de tout animal contre ses congénères, […], était « une loi de la nature ».

p.28 : Au contraire, une conférence « Sur la loi d’aide mutuelle », faite à un congrès de naturalistes russes en janvier 1880 par le professeur Karl Fedorovich Kessler, zoologiste bien connu (alors doyen de l’Université de Saint-Pétersbourg), me frappa comme jetant une lumière nouvelle sur tout ce sujet.

p.28 : Sur un point seulement, je ne pus entièrement accepter les vues de Kessler. Kessler voyait dans “les sentiments de famille” et dans le souci de la progéniture […] la source des penchants mutuels des animaux les uns envers les autres.

p.29 : […]. Aussi m’appliquai-je surtout à établir tout d’abord l’importance du facteur de l’entraide dans l’évolution, réservant pour des recherches ultérieures l’origine de l’instinct d’entraide dans la nature.

p.29 : L’importance de l’entraide […] n’échappa pas au vif génie naturaliste de Goethe. Lorsqu’un jour Eckermann dit à Goethe - c’était en 1827 - que deux petits roitelets, qui s’étaient échappés, avaient été retrouvés le jour suivant dans un nid de rouges-gorges, qui nourrissaient ces oisillons en même temps que leurs propres petits, […].

Sources

Références

, Conférence sur la loi d'aide mutuelle de Karl Kessler , , Théorie de l'évolution , Johann Wolfgang von Goethe , Johann Peter Eckermann

Référencé par

, , Kropotkine - La morale anarchiste , Entraide , Théorie de l'évolution

Chronologie détaillée

1883Kroptokine prend connaissance du travail de Kessler
Kropotkine précise dans son livre que c'est en 1883 qu'il prend connaissance de la conférence 'sur la loi d'aide mutuelle' du professeur Karl Fedorovich Kessler, qui avait eu lieu en janvier 1880.
1890-1896Publication des articles de l'entraide
Publication des articles qui seront réunis dans le recueil L'Entraide, dans la revue britannique The Nineteenth Century.
1902Publication de L'entraide
Publication de l'ouvrage majeur de Pierre Kropotkine développant sa théorie de l'entraide comme facteur d'évolution.
1906Première publication en France
La maison Hachette (Paris) publie la première version française de l'ouvrage *L'Entraide*, traduite de l'anglais par L. Bréal.