Emmanuel‑Joseph Sieyès (1748‑1836), prêtre et théoricien majeur de 1789, est l’auteur de Qu’est‑ce que le Tiers état ?, pamphlet qui substitue la Nation aux ordres et fonde la légitimité moderne. Député du Tiers, artisan de l’Assemblée nationale, il défend le gouvernement représentatif, le veto royal suspensif et surtout la distinction pouvoir constituant / pouvoirs constitués, matrice du droit public contemporain. À la Convention, il vote la mort du roi (la formule « la mort, sans phrases » lui est discutablement attribuée). Architecte du 18 Brumaire, il propose un exécutif encadré (Grand Électeur) et un jury constitutionnaire que Bonaparte écarte, reléguant Sieyès au Sénat. Influencé par Locke, Rousseau, Montesquieu et les physiocrates, opposé aux monarchiens et contesté par les jacobins, il assume un libéralisme institutionnel élitiste (suffrage censitaire). Son héritage : souveraineté nationale, représentation, garantie de la Constitution—piliers des régimes contemporains.
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Tous les filtres18e siècle
Emmanuel-Joseph Sieyès naît le 3 mai 1748 à Fréjus (Provence) dans une famille roturière de petite bourgeoisie administrative.
Député pour le tiers état lors des Etats généraux de 1789.
Sieyès joue un rôle décisif dans la transformation du Tiers en Assemblée nationale.
Le 2 novembre 1789, les biens du clergé sont mis à la disposition de la nation. Sieyès l'avait théorisé en distinguant pouvoirs spirituel et civil.
Créé le 25 octobre 1795, l’Institut accueille la Classe des sciences morales et politiques, tribune majeure pour les idées de Sieyès sur la constitution.
Sieyès est envoyé comme ambassadeur à Berlin.
19e siècle
En 1803, la Classe des sciences morales et politiques est supprimée, signe de la prudence du régime envers la pensée constitutionnelle critique chère à Sieyès.
Napoléon, consolidant l’Empire, distribue titres et sénatoreries ; Sieyès devient comte de l’Empire en 1809, marque de sa place dans l’élite consulaire/impériale.
La loi du 12 janvier 1816 bannit les régicides : Sieyès, ayant voté la mort de Louis XVI, part en exil à Bruxelles dans le Royaume-Uni des Pays-Bas.
Il revient en 1830, dans le contexte de la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe), qui amnistie largement les acteurs de la Révolution.
Emmanuel-Joseph Sieyès décède le 20 juin 1836 à Paris.
En 1839 il se présente aux élections législatives et est élu député de Valognes, dans la Manche, où se trouve le château familial des Tocqueville et où il sera réélu jusqu'au coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851.
Après la révolution de 1848, il est élu au suffrage universel à l'assemblée constituante qui le charge, avec 17 autres membres de la rédaction de la constitution de la Deuxième République (février/mars ?).
Ministre des Affaires étrangères du second gouvernement Barrot.
Elu président du conseil général de la Manche, il y reste jusqu'en 1852. Date à laquelle il démissionne, refusant de prêter serment au nouvel empereur.